Salalah, nichée au sud du sultanat d’Oman, est une véritable oasis côtière bordée par la mer d’Arabie et entourée de collines verdoyantes. Contrairement au nord du pays, ici les dromadaires sont absolument partout : sur la plage, le long de la route, en pleine sieste sous les abris… On ne s’en lasse pas, ils font partie du décor et rendent l’ambiance très dépaysante.
En seulement 1h30 de vol (nous avons pris la compagnie Salam Air au tarif de 250€ aller-retour pour 2 personnes), on a l’impression de poser les pieds dans un tout autre pays. Les paysages désertiques et rocailleux du Nord laissent place à des collines recouvertes de végétation, et, chose assez surprenante pour Oman, on a même de l’herbe verte ici et là !
Ce changement radical s’explique par un phénomène unique à Salalah : le khareef. Cette mousson annuelle, qui se déroule de juin à septembre, transforme la région en un véritable écrin tropical. Durant cette période, les collines deviennent d’un vert éclatant et des cascades surgissent de partout, attirant des visiteurs venus des quatre coins du pays et au-delà.
Nous étions à Salalah en novembre et avions un peu espéré que les paysages soient encore plus verts, mais la saison du khareef étant déjà bien terminée, certaines collines avaient un peu perdu leur éclat, et plusieurs cascades que nous voulions voir étaient totalement asséchées. Cela dit, même hors saison, la région reste beaucoup plus verdoyante que le Nord d’Oman.
La ville s’organise autour d’une vaste palmeraie et d’une immense bananeraie, conférant à Salalah une atmosphère fraîche et apaisante. Ici, on croise des étals débordants de noix de coco, de bananes et de papayes, cultivées localement. On se régale de ces fruits à chaque repas, que ce soit dans les petits déjeuners ou comme encas au cours de la journée. La fraîcheur des fruits locaux, pleins de saveurs, accompagne parfaitement nos moments de détente.
On hallucine complètement en découvrant l’état des routes autour de Salalah ! Elles sont immenses, impeccablement entretenues, et surtout bordées de larges plate-bandes herbeuses et fleuries. Après avoir parcouru des kilomètres de paysages désertiques et de pistes cahoteuses dans le reste du pays, c’est un vrai contraste. On a presque l’impression d’être dans une grande ville ultra moderne, avec ces avenues qui semblent tout droit sorties d’une oasis artificielle. Entre les palmiers bien alignés et les parterres fleuris, on se demande même comment tout ça peut être aussi verdoyant sous ce climat aride. Oman ne cesse vraiment de nous surprendre !
Chaque fin d'après-midi, il est coutume ici d'acheter une noix de coco fraîche et d'aller la boire tranquillement au bord de la mer : nous y participons donc avec plaisir. L'ambiance y est particulièrement agréable, avec des familles qui se promènent, des enfants qui jouent ou qui se baignent. En attendant le coucher du soleil, on profite de ce moment simple et convivial, entourés de sourires et de la douceur de vivre locale.
On adore également déambuler dans le souq Al-Husn, un marché traditionnel où l’odeur d’encens est partout. C’est vraiment le produit phare de la région : apparemment, il est exporté dans le monde entier depuis des siècles.
En nous promenant entre ces arbres, l'odeur subtile mais persistante de la résine flotte dans l'air. Lors de notre visite, nous croisons quelques hommes qui travaillent dans les plantations d’encens. Malheureusement, ils ne parlent pas anglais, et nous ne pouvons donc pas beaucoup échanger avec eux. Ce jour-là, ils attachent des étiquettes aux arbres, mais on ne sait pas si cela a un lien direct avec la récolte, ou si c’est une étape préparatoire à un moment spécifique de l’année. Ce qui est sûr, c’est que la récolte de l’encens commence en avril et dure plusieurs semaines. Un arbre adulte, de 8 à 10 ans, peut produire jusqu’à 10 kilos d’encens par saison.
Pour cette portion de notre séjour, nous optons pour un appart-hôtel, le Daar Al Maqam Suites (146€ pour 4 nuits), idéalement situé près du Salalah Gardens Mall et entouré de nombreux restaurants. Ce choix nous semble parfait car, contrairement au Nord d’Oman, les principaux sites d’intérêt sont relativement proches les uns des autres. Avec une voiture de location (louée pour 124€ les 5 jours directement à l’aéroport), on peut facilement se déplacer et explorer les alentours.
La partie ouest de Salalah nous offre des découvertes inoubliables, notamment Fazayah Beach, un véritable coin de paradis, qui s’étend sur plusieurs kilomètres. La route pour y accéder est un peu aventureuse : elle n’est pas revêtue et descend assez fortement mais reste accessible avec notre véhicule de tourisme.
Furious Road et Shaat View Point, situés à l’extrême Ouest de Salalah, nous amènent aux portes du Yémen, à quelques kilomètres seulement de la frontière. Nous avions hâte de découvrir Furious Road, cette route mythique qui serpente à flanc de falaise, mais grosse déception : impossible de trouver un bon point de vue pour capturer une belle photo ! Les lacets sont impressionnants sur cette pente vertigineuse, et ce jour-là, on regrette vraiment de ne pas avoir notre drone ; il aurait été parfait pour prendre du recul et immortaliser ces courbes spectaculaires…
Pour atteindre Shaat View Point, il faut franchir un poste de contrôle gardé par l’armée. Forcément, ça met un petit coup de pression, d’autant qu’on sait bien que le Yémen voisin n’est pas réputé pour sa sécurité. L’impression d’être au bout du monde se renforce au fil des kilomètres. Arrivés sur place, nous ne croisons que deux autres véhicules.
L’ambiance est surréaliste. La falaise plonge à plus de 400 mètres directement dans la mer, et pour accentuer encore un peu plus le vertige… le parapet est une vitre !
J’ai du mal à m’approcher du bord tant la sensation est forte. On imagine déjà les images incroyables qu’on aurait pu capturer avec Nono le drone (on a d’ailleurs vu passer des vidéos sublimes sur Instagram prises par des professionnels locaux). Peut-être que cet endroit est plus animé à d’autres moments de l’année, mais le jour où nous y sommes, c’est un peu trop désert à notre goût : pas de stands de nourriture, pas de vie… On aurait bien aimé siroter un jus de fruit face à ce panorama de dingue !
A quelques kilomètres de là se trouve le site archéologique de Khor Rori, une ancienne cité portuaire qui autrefois, jouait un rôle clé dans le commerce de l’encens, reliant Oman aux grandes civilisations de l’Antiquité. L’entrée est fixée à 2 OMR par personne (soit environ 5€). La vue sur la mer y est absolument magnifique, offrant un panorama à couper le souffle qui, à lui seul, justifie le déplacement.
Au pied des ruines, un petit ruisseau traverse la vallée avant de rejoindre la mer, formant une oasis où des dizaines de dromadaires viennent s’abreuver.
C’est un spectacle hypnotisant : les dromadaires se déplacent paisiblement, entourés d’une herbe d’un vert éclatant, un contraste inattendu avec les teintes arides du reste de la région. Nous passons près d’une heure à photographier cette scène qui semble tout droit sortie d’une carte postale.
Le sable blanc, les vagues douces et le calme absolu nous offrent un moment suspendu, presque irréel. Personne d’autre à l’horizon, juste nous, la mer et ces silhouettes nonchalantes qui ajoutent une touche unique à l’endroit.
Depuis la rive droite, on profite d’une vue imprenable sur l’estuaire. Perchés en hauteur, on embrasse du regard toute l’étendue de cette oasis de verdure où l’eau serpente paisiblement avant de se jeter dans la mer. Ce paysage me rappelle la Bretagne, avec ces larges bancs de sable striés par le retrait de l’eau et les méandres dessinés par l’estuaire. On retrouve ce même mélange de couleurs entre le bleu profond de la mer, le beige doré du sable et les touches de vert qui bordent les rives. Un décor inattendu ici, à des milliers de kilomètres de la côte bretonne, non ?
En continuant notre route vers l'Est, nous arrivons à Mirbat, un village de pêcheurs qui semble figé dans le temps. Le petit port coloré est animé par des pêcheurs revenant de la mer avec leurs prises du jour ; l’ambiance y est authentique et nous rappelle beaucoup le village d'Imesouane au Maroc.
Les deux plus belles journées de notre voyage dans le sud d’Oman sont sans conteste celles passées à Ayn Garziz et Wadi Darbat : ce sont deux endroits incroyables, où la nature s’épanouit dans toute sa splendeur et où l’eau coule en abondance, même en dehors du Khareef.