vendredi 21 mars 2025

Oman Partie 6 : Le Sud autour de Salalah

Salalah, nichée au sud du sultanat d’Oman, est une véritable oasis côtière bordée par la mer d’Arabie et entourée de collines verdoyantes. Contrairement au nord du pays, ici les dromadaires sont absolument partout : sur la plage, le long de la route, en pleine sieste sous les abris… On ne s’en lasse pas, ils font partie du décor et rendent l’ambiance très dépaysante.



En seulement 1h30 de vol (nous avons pris la compagnie Salam Air au tarif de 250€ aller-retour pour 2 personnes), on a l’impression de poser les pieds dans un tout autre pays. Les paysages désertiques et rocailleux du Nord laissent place à des collines recouvertes de végétation, et, chose assez surprenante pour Oman, on a même de l’herbe verte ici et là !

Ce changement radical s’explique par un phénomène unique à Salalah : le khareef. Cette mousson annuelle, qui se déroule de juin à septembre, transforme la région en un véritable écrin tropical. Durant cette période, les collines deviennent d’un vert éclatant et des cascades surgissent de partout, attirant des visiteurs venus des quatre coins du pays et au-delà.

Nous étions à Salalah en novembre et avions un peu espéré que les paysages soient encore plus verts, mais la saison du khareef étant déjà bien terminée, certaines collines avaient un peu perdu leur éclat, et plusieurs cascades que nous voulions voir étaient totalement asséchées. Cela dit, même hors saison, la région reste beaucoup plus verdoyante que le Nord d’Oman. 

La ville s’organise autour d’une vaste palmeraie et d’une immense bananeraie, conférant à Salalah une atmosphère fraîche et apaisante. Ici, on croise des étals débordants de noix de coco, de bananes et de papayes, cultivées localement. On se régale de ces fruits à chaque repas, que ce soit dans les petits déjeuners ou comme encas au cours de la journée. La fraîcheur des fruits locaux, pleins de saveurs, accompagne parfaitement nos moments de détente.


On hallucine complètement en découvrant l’état des routes autour de Salalah ! Elles sont immenses, impeccablement entretenues, et surtout bordées de larges plate-bandes herbeuses et fleuries. Après avoir parcouru des kilomètres de paysages désertiques et de pistes cahoteuses dans le reste du pays, c’est un vrai contraste. On a presque l’impression d’être dans une grande ville ultra moderne, avec ces avenues qui semblent tout droit sorties d’une oasis artificielle. Entre les palmiers bien alignés et les parterres fleuris, on se demande même comment tout ça peut être aussi verdoyant sous ce climat aride. Oman ne cesse vraiment de nous surprendre !

Chaque fin d'après-midi, il est coutume ici d'acheter une noix de coco fraîche et d'aller la boire tranquillement au bord de la mer : nous y participons donc avec plaisir. L'ambiance y est particulièrement agréable, avec des familles qui se promènent, des enfants qui jouent ou qui se baignent. En attendant le coucher du soleil, on profite de ce moment simple et convivial, entourés de sourires et de la douceur de vivre locale. 




On adore également déambuler dans le souq Al-Husn, un marché traditionnel où l’odeur d’encens est partout. C’est vraiment le produit phare de la région : apparemment, il est exporté dans le monde entier depuis des siècles. 


Pour en savoir davantage sur l'encens, on visite le Wadi Dawkah, situé à 40 kilomètres au Nord de Salalah, qui  nous surprend complètement car ce n’est pas du tout le genre de wadi où l’on avait l'habitude de se baigner dans le Nord, avec ses eaux fraîches et son ambiance rafraîchissante. Ici, c’est tout le contraire : la chaleur est presque étouffante et le paysage, presque désertique donne un aspect unique à ce site. C’est dans ce cadre austère que poussent les arbres Boswellia, (ou Frankincense tree) dont la résine est l'encens tant convoité. 



En nous promenant entre ces arbres, l'odeur subtile mais persistante de la résine flotte dans l'air. Lors de notre visite, nous croisons quelques hommes qui travaillent dans les plantations d’encens. Malheureusement, ils ne parlent pas anglais, et nous ne pouvons donc pas beaucoup échanger  avec eux. Ce jour-là, ils attachent des étiquettes aux arbres, mais on ne sait pas si cela a un lien direct avec la récolte, ou si c’est une étape préparatoire à un moment spécifique de l’année. Ce qui est sûr, c’est que la récolte de l’encens commence en avril et dure plusieurs semaines. Un arbre adulte, de 8 à 10 ans, peut produire jusqu’à 10 kilos d’encens par saison.

Pour cette portion de notre séjour, nous optons pour un appart-hôtel, le Daar Al Maqam Suites (146€ pour 4 nuits), idéalement situé près du Salalah Gardens Mall et entouré de nombreux restaurants. Ce choix nous semble parfait car, contrairement au Nord d’Oman, les principaux sites d’intérêt sont relativement proches les uns des autres. Avec une voiture de location (louée pour 124€ les 5 jours directement à l’aéroport), on peut facilement se déplacer et explorer les alentours.

La partie ouest de Salalah nous offre des découvertes inoubliables, notamment Fazayah Beach, un véritable coin de paradis, qui s’étend sur plusieurs kilomètres. La route pour y accéder est un peu aventureuse : elle n’est pas revêtue et descend assez fortement mais reste accessible avec notre véhicule de tourisme.






En cherchant un peu sur Maps.me, Fred repère "hidden beach" et, bien sûr, on ne peut pas résister à l'idée d'aller voir de quoi il s'agit. Et on ne regrette absolument pas ! 
Pour y accéder, il faut emprunter un chemin qui n’est pas facile à trouver (c’est ça le charme des plages cachées) durant une quinzaine de minutes et suer comme il n'est pas permis 😂 Il faut dire que nous y sommes à 12h30 et que le thermomètre affiche 35 degrés !
Arrivés à marée basse, on a la chance d’avoir la plage pour nous tout seuls, sans âme qui vive. Le cadre est juste incroyable. On passe un moment merveilleux, et c’est sans aucun doute l’un des moments les plus mémorables de notre séjour.



La plage de Mughsayl est un vrai petit coin de paradis. On se baigne dans une eau turquoise et délicieuse, un pur bonheur pour se rafraîchir sous le soleil d’Oman. Ce qu’on apprécie beaucoup  ici, ce sont les petits abris aménagés sur la plage, parfaits pour profiter de l’ombre, se changer tranquillement, ou simplement se poser un moment. Il y a même des toilettes très propres et de l’eau fraîche pour se rincer après la baignade, un luxe bienvenu !




À quelques pas de là, on découvre un phénomène naturel fascinant : un souffleur, ou "blowhole". Quand les vagues sont agitées, l’eau s’engouffre sous la roche pour jaillir dans les airs comme un geyser. Quand nous y sommes, la mer est calme, mais on peut quand même entendre l’eau s’engouffrer dans la cavité et ressortir avec un grondement impressionnant. 


Furious Road et Shaat View Point, situés à l’extrême Ouest de Salalah, nous amènent aux portes du Yémen, à quelques kilomètres seulement de la frontière. Nous avions hâte de découvrir Furious Road, cette route mythique qui serpente à flanc de falaise, mais grosse déception : impossible de trouver un bon point de vue pour capturer une belle photo ! Les lacets sont impressionnants sur cette pente vertigineuse, et ce jour-là, on regrette vraiment de ne pas avoir notre drone ; il aurait été parfait pour prendre du recul et immortaliser ces courbes spectaculaires…


Pour atteindre Shaat View Point, il faut franchir un poste de contrôle gardé par l’armée. Forcément, ça met un petit coup de pression, d’autant qu’on sait bien que le Yémen voisin n’est pas réputé pour sa sécurité. L’impression d’être au bout du monde se renforce au fil des kilomètres. Arrivés sur place, nous ne croisons que deux autres véhicules.

L’ambiance est surréaliste. La falaise plonge à plus de 400 mètres directement dans la mer, et pour accentuer encore un peu plus le vertige… le parapet est une vitre ! 

J’ai du mal à m’approcher du bord tant la sensation est forte. On imagine déjà les images incroyables qu’on aurait pu capturer avec Nono le drone (on a d’ailleurs vu passer des vidéos sublimes sur Instagram prises par des professionnels locaux). Peut-être que cet endroit est plus animé à d’autres moments de l’année, mais le jour où nous y sommes, c’est un peu trop désert à notre goût : pas de stands de nourriture, pas de vie… On aurait bien aimé siroter un jus de fruit face à ce panorama de dingue !


C’est ici, au cœur de ce paysage aride et minéral, qu'on tombe sur un truc inattendu : la rose du désert. Une vraie surprise au milieu de cette nature rude !  Elle fleurit en novembre et ajoute une petite touche de couleur à ce décor tout sec. C’est fou de voir une plante aussi belle pousser dans un endroit aussi aride. Comme quoi, la nature a toujours des surprises en réserve !  


À l’Est de Salalah, nous explorons une région captivante, mêlant paysages saisissants et vestiges historiques. Notre premier arrêt : le fort de Taqah, perché sur une colline avec une vue panoramique sur les environs. 



Les pièces y sont bien décorées, avec des outils et des objets du quotidien qui permettent d’imaginer la vie d’autrefois. Cependant, même si la visite est agréable et que la vue sur les montagnes et la mer reste très belle, nous n’avons pas vraiment de coup de cœur pour cet endroit. 

A quelques kilomètres de là se trouve le site archéologique de Khor Rori, une ancienne cité portuaire qui autrefois, jouait un rôle clé dans le commerce de l’encens, reliant Oman aux grandes civilisations de l’Antiquité. L’entrée est fixée à 2 OMR par personne (soit environ 5€). La vue sur la mer y est absolument magnifique, offrant un panorama à couper le souffle qui, à lui seul, justifie le déplacement.



Aujourd’hui, ce sont seulement des ruines qui subsistent, éparpillées dans un paysage aride et désertique où le soleil tape très fort, sans aucune ombre pour se protéger. Au bout d'une petite demi-heure, avec Fred on est liquide 😂😂

Au pied des ruines, un petit ruisseau traverse la vallée avant de rejoindre la mer, formant une oasis où des dizaines de dromadaires viennent s’abreuver. 

C’est un spectacle hypnotisant : les dromadaires se déplacent paisiblement, entourés d’une herbe d’un vert éclatant, un contraste inattendu avec les teintes arides du reste de la région. Nous passons près d’une heure à photographier cette scène qui semble tout droit sortie d’une carte postale. 

 


Un peu plus loin, à seulement deux kilomètres du fort (mais vu la chaleur, nous reprenons sans hésiter la voiture pour profiter de la clim pendant quelques minutes), nous profitons d'une plage complètement déserte… enfin pas tout à fait, car les dromadaires ne sont jamais bien loin, se promenant tranquillement sur le sable, comme si c’était leur domaine...



Le sable blanc, les vagues douces et le calme absolu nous offrent un moment suspendu, presque irréel. Personne d’autre à l’horizon, juste nous, la mer et ces silhouettes nonchalantes qui ajoutent une touche unique à l’endroit.

Depuis la rive droite, on profite d’une vue imprenable sur l’estuaire. Perchés en hauteur, on embrasse du regard toute l’étendue de cette oasis de verdure où l’eau serpente paisiblement avant de se jeter dans la mer. Ce paysage me rappelle la Bretagne, avec ces larges bancs de sable striés par le retrait de l’eau et les méandres dessinés par l’estuaire. On retrouve ce même mélange de couleurs entre le bleu profond de la mer, le beige doré du sable et les touches de vert qui bordent les rives. Un décor inattendu ici, à des milliers de kilomètres de la côte bretonne, non ?




En continuant notre route vers l'Est, nous arrivons à Mirbat, un village de pêcheurs qui semble figé dans le temps. Le petit port coloré est animé par des pêcheurs revenant de la mer avec leurs prises du jour ; l’ambiance y est authentique et nous rappelle beaucoup le village d'Imesouane au Maroc.

Nous déjeunons dans un petit restaurant sans prétention, mais qui s’avère être une véritable pépite : une langouste fraîchement pêchée et des poissons grillés, le tout pour un prix défiant toute concurrence. Un véritable festin, simple, mais mémorable.



Les deux plus belles journées de notre voyage dans le sud d’Oman sont sans conteste celles passées à Ayn Garziz et Wadi Darbat :  ce sont deux endroits incroyables, où la nature s’épanouit dans toute sa splendeur et où l’eau coule en abondance, même en dehors du Khareef.

Lorsque le GPS nous annonce que nous sommes arrivés à Ayn Garziz, on a du mal à y croire : autour de nous, il n’y a qu’un lit de rivière asséché et une végétation assez discrète. Un peu sceptiques, on gare la voiture et on marche quelques minutes, sans trop d’attentes… Mais quelle surprise en découvrant un bassin d’une clarté incroyable ! L’eau est d’un bleu éclatant, limpide au point de voir chaque pierre au fond. On n’en revient pas. Évidemment, on ne résiste pas à l’envie d’y plonger. La baignade est un pur bonheur, et en prime, on a droit à une pédicure gratuite grâce aux petits poissons qui viennent picorer nos pieds !


C'est la même chose pour le Wadi Darbat : au début, on est un peu déçus car on s'attend à voir une énorme cascade couler depuis la route, mais en novembre, elle est complètement à sec… On hésite un instant, puis on décide quand même de continuer, et heureusement ! Quelques minutes plus tard, on tombe sur des vasques d’eau aux couleurs incroyables : émeraude ? vert d’eau ? turquoise ? On n’arrive même pas à mettre un nom sur cette teinte magique. Impossible de résister, on passe près d’une heure au pied du bassin principal à mitrailler l’endroit sous tous les angles.



  

On remonte les cascades à pied, explorant chaque recoin de cet endroit paradisiaque. En haut, on tombe sur quelques dromadaires qui se régalent de l'herbe fraîche qui pousse ici. C'est un moment paisible et un peu hors du temps, que l'on savoure pleinement.

On avait lu que la baignade était interdite dans les vasques du Wadi Darbat à cause d'une bactérie dangereuse présente dans l'eau. Mais tout a changé quand on croise un guide qui accompagne un couple de jeunes mariés. Il nous explique, avec un petit sourire, que cette histoire de bactérie est en fait une rumeur, créée pour empêcher les gens de se baigner et ainsi préserver la beauté des photos. Après avoir entendu ça, on ne réfléchit pas  longtemps : on court chercher nos maillots et on se précipite dans l'eau. Comme c'est la basse saison, le site est presque désert, ce qui nous permet de profiter des lieux en toute tranquillité.