La Jordanie, ça faisait un moment qu'on pensait y aller alors un soir d'hiver 2021 nous nous sommes laissés tenter et avons réservé nos vols vers ce pays d'Asie Occidentale.
Au premier abord, la Jordanie peut faire peur car ses pays voisins n'ont pas bonne réputation...
On peut donc difficilement imaginer un pays en paix, et pourtant la Jordanie est un pays très sûr et à aucun moment durant notre séjour nous ne nous sommes sentis en danger. Bien au contraire : les jordaniens sont d'une gentillesse et d'un altruisme incroyables !
Le pays est une monarchie constitutionnelle parlementaire où le premier ministre est le chef du gouvernement. Depuis 1999 c'est le roi Abdallah II qui détient le pouvoir exécutif.
Le voyage est très long pour arriver à bon port. D'abord un vol Nice-Genève, puis une escale de 9 heures en pleine nuit et un second vol Genève-Aqaba. Je sais, des vols directs existent depuis Paris mais avec de nombreux inconvénients aussi : tarifs plus élevés, difficulté à combiner les horaires de train et d'avion pour au final ne gagner que quelques heures...
Je précise aussi que nous sommes encore en pleine épidémie mondiale et que voyager en temps de "Covid" n'est pas de tout repos ! Avant le départ, nous avons dû compléter un formulaire de santé https://www.carc.jo/images/COVID19/Declaration-Form.pdf puis nous enregistrer sur le site https://www.gateway2jordan.gov.jo/form/ afin de récupérer un QR Code indispensable à notre arrivée, et enfin être en possession d'une attestation d'assurance garantissant que nous sommes couverts en cas d'infestation par le Covid-19. Le tout en anglais…
Nous avons imprimé tous ces documents pour au final ne pas avoir eu à les sortir du sac à l’arrivée !!! Un truc de fou !
Avant d'arriver dans le pays, je vous recommande d'acheter le Jordan Pass : il comprend le prix du visa (obligatoire à l'arrivée en Jordanie) ainsi que l'entrée à plus de 40 sites touristiques majeurs. Son tarif dépend du nombre de jours que vous prévoyez de passer à Pétra, donc pour nous qui désirions passer 2 jours entiers, le Pass est revenu à 75JOD (Dinars jordaniens) soit environ 93€ par personne. Quand on sait que rien que l'entrée à Pétra pour 2 jours est à 55JOD, il n'y a pas d'hésitation à avoir : le Pass est très rentable !
Pour l'acheter, rendez-vous sur le site https://www.jordanpass.jo/Default.aspx
Après un vol de 4h40, nous atterrissons ENFIN au minuscule aéroport d’Aqaba. Ci-dessous une vue aérienne qui donne un petit aperçu de l'aridité des paysages... A ce sujet il faut savoir que la Jordanie se classe au 4ème rang des pays les plus arides au monde, avec tous les problèmes de sècheresse et d'approvisionnement en eau que cela engendre...
A peine débarqués, nous échangeons nos euros en JOD (dinar jordanien dont le taux en 2022 est 1€ = 0,77JOD), achetons une carte 4G (10 JOD pour 46Go de données) puis récupérons notre voiture de location réservée sur le site Discover Cars (200€ pour 11 jours).
Nous rejoignons en quelques minutes la ville portuaire située dans le Sud du pays. Le grand intérêt de cette ville est qu'elle a un accès direct à la Mer Rouge et sa magnifique barrière de corail.
La plage principale de la ville est équipée de jolis parasols dont les locaux profitent tout au long de la journée, et parfois même la nuit. C’est d’ici que partent les « glass boats », ces petites embarcations à fond de verre qui permettent de profiter des fonds marins sans se mouiller.
Nous passons donc notre première journée à Aqaba afin de prendre nos marques dans le pays et nous poser avant d'attaquer notre road trip à bord de notre Mazda 3 automatique.
Notre hôtel est le Delara Hotel en chambre double deluxe avec vue mer (60€ la nuit en formule petit-déjeuner).
Toute découverte d'une ville du monde arabe commence bien entendu par la visite de son souk. Malheureusement pour nous, celui d’Aqaba était fermé lors de notre passage, il paraissait même désaffecté. Malgré tout, de nombreuses échoppes colorées, remplies d’épices, d’encens et de souvenirs en tous genres longent les rues…
Nous visitons également le fort d'Aqaba qui jouit d'une belle vue sur la ville et la Mer rouge. Le prix d'entrée était censé être de 3JOD (ou compris dans le Jordan Pass) mais le gardien ne nous a jamais rien demandé…
Nous séjournons également à Aqaba durant les deux dernières journées de notre séjour pour nous reposer et profiter des fonds marins. Notre hôtel est le Grand Tala Bay Resort, un 5 étoiles à 180€ la nuit en formule petit-déjeuner.
Nous sommes agréablement surpris par la qualité et la variété de la vie sous marine ; l'eau est très claire même si le port de commerce de la ville n'est qu'à quelques centaines de mètres. Au mois de mars sa température est de 23 degrés, ce qui est vraiment agréable...
Ci-dessous je vous dévoile notre itinéraire de 11 jours qui nous a permis de visiter les sites touristiques majeurs :
1ère étape : PETRA
Pour rejoindre Petra, nous empruntons durant un peu plus de deux heures la Desert Highway, une autoroute à 3 voies, gratuite, qui est assez monotone mais permet d’avoir une première approche des paysages désertiques jordaniens.
La cité de Petra est située dans la petite ville de Wadi Musa qui est établie sur une colline.
De très nombreux hôtels parsèment la route du haut en bas de la colline, jusqu'à l'entrée du site archéologique. Je vous conseille néanmoins de choisir un hébergement dans le bas afin de rejoindre le site à pied et ne pas avoir à prendre la voiture chaque jour.
Pour notre part nous avons logé au Petra Corner Hotel, situé à 5 minutes à pied de l'entrée du site. Chambre double supérieure (3 nuits à 62€ la nuit en formule petit-déjeuner).
Petra est considérée comme la huitième Merveille du monde. Cette cité antique a été construite par les Nabatéens, une tribu arabe faisant commerce d'encens et d'épices aux alentours du VIIIème siècle avant JC. Elle compta jusqu'à 25000 habitants avant de tomber dans l'oubli pendant de nombreux siècles. Redécouverte en 1812, il reste aujourd'hui un nombre incalculable de tombeaux, souvent en très bon état.
Ce site est sans conteste le trésor de la Jordanie et un gros coup de cœur pour nous. Nous y avons passé 2 jours entiers car le site est très grand et nous ne voulions pas avoir l'impression de courir. Astuces : 1- N'oubliez pas votre passeport le premier jour car un agent peut vérifier qu'il n'y a pas de fraude et que le nom inscrit sur le Jordan Pass correspond bien au vôtre 2- Prévoyez votre déjeuner car nous n’avons vu qu’un seul resto sur tout le site. Pour notre part, le premier jour nous avions pris le panier repas proposé par notre hôtel et le deuxième jour nous avons acheté des Mezze à emporter avant de rentrer dans le site. C’était d’ailleurs un super pique-nique, bien meilleur que le sandwich de la veille !
On ne peut pas visiter Petra sans tenter de la comprendre. Alors je vous conseille de regarder l'émission C'est pas sorcier avant de vous y rendre : https://www.youtube.com/watch?v=7IlsGHpRtvg
Lorsque l'on vient à Petra on sait que l'on va beaucoup marcher... Voici ci-dessous le plan qui nous a été donné à l'entrée : il est un peu abimé mais il donne déjà une idée de l'étendue du site
Depuis la billetterie, il faut déjà parcourir plus de 800 mètres jusqu'à l'entrée du Siq. C’est sur cette partie que de nombreux cavaliers vous proposent sans cesse si vous désirez rejoindre le Siq à cheval. Il paraît que le tarif est compris dans le prix d’entrée mais nous n’avons pas demandé davantage d’informations.
C’est ici qu’apparaît aussi le premier temple creusé dans la roche : le tombeau aux Obélisques construit sur le triclinium corinthien.
NB : Un triclinium est une cavité rectangulaire composée de 3 banquettes dans laquelle étaient organisés les banquets funéraires.
Le Siq est un défilé creusé par un ancien torrent, qui serpente entre des roches rouges magnifiques qui atteignent souvent 100 mètres de haut. Il mesure 1,2km pour une largeur variant de 3 à 11 mètres.
De chaque côté on peut voir les restes d’une canalisation creusée dans la roche qui permettait à l'époque nabatéenne de transporter l’eau de la source Aïn Braq vers le centre de Petra. Quelques gravures creusées à même la roche peuvent aussi être observées.
A la fin du Sik, le défilé s’ouvre sur le Khazneh, ou le trésor, et c’est là qu’on peut prendre la photo mondialement connue dont Indiana Jones a fait la promotion.
Avant de le voir, on aurait pu croire que sa hauteur de 43 mètres n'est pas si impressionnante mais une fois devant... ce n'est plus la même chose !
Si vous le désirez, de jeunes guides proposent leurs services afin de vous mener à des points de vue surélevés. Mais il faut marchander sévère ! Nous avons réussi à obtenir 3JOD par personne, ce qui est un très bon prix.
Néanmoins, à la fin de notre voyage, un bédouin nous a appris que payer les services de ces jeunes enfants encourageaient leur famille à ne pas les envoyer à l'école... Si nous l'avions su avant notre visite de Petra, nous ne l'aurions probablement pas fait.
D'autant que le sentier Al Khubtha permet d'avoir une vue gratuite d’encore plus haut sur le Trésor. Ce parcours démarre après le tombeau à étage. Mais cette vue se mérite et il faut gravir de très nombreuses marches (on ne les a pas comptées) durant presque 45 minutes.
Ce jour-là, il a fait très froid et nous avons été bien contents d'avoir prévu gants et bonnets dans notre valise !
La première récompense une fois arrivé en haut des marches est la vue incroyable sur la ville basse et l’amphithéâtre.
Puis le sentier continue pendant quelques minutes à travers le Djebel pour parvenir à une tente où pour 2JOD un bédouin propose son tapis pour faire une belle photo accompagnée d'un bon thé chaud.
Depuis le Khazneh la visite continue vers la ville basse où l'on peut voir l’amphithéâtre, assez bien conservé, ainsi que les tombes royales sur les hauteurs. C'est sur cette partie du site que se retrouvent la plupart des vendeurs de souvenirs car c'est un passage obligé.
Le tombeau à l’Urne figure parmi nos préférés. Il a été transformé en église par les romains et son plafond est une merveille : on y retrouve tout un dégradé de couleurs superbement conservées. Il se démarque des autres par son escalier sur voutes rajouté par les romains pour accéder à son esplanade.
D'en haut on a encore une très belle vue sur la ville basse et l'amphithéâtre
Les 3 tombeaux suivants se jouxtent sur la même falaise : le tombeau à la soie, le tombeau corinthien et le tombeau à étage.
Par endroit la roche présente des nuances de couleurs assez extraordinaires
Le trail qui mène au Haut Lieu des Sacrifices se prend à côté de l’amphithéâtre. La balade commence par une bonne trentaine de minutes d'ascension et une fois en haut, on découvre un très beau panorama et le site dans lequel étaient réalisés les cultes autrefois : des animaux étaient sacrifiés et on peut encore voir la pierre creuse qui permettait au sang de s’écouler…
Pour redescendre, plutôt que de refaire le trajet en sens inverse, il est possible de rejoindre la ville basse et descendre de l’autre côté en suivant le Wadi Farasah. On passe alors devant la fontaine au lion, la tombe d'un riche soldat romain et un triclinium aux splendides couleurs moirées.
On arrive ensuite au Grand Temple, le Qasr el Bint.
Le deuxième monument le plus majestueux et connu à Pétra est le Monastère ou Ed Deir. Le trail pour y accéder dure 45 minutes depuis le grand temple et ça grimpe beaucoup : 800 marches en tout ! L'ascension est possible également à dos d'âne mais nous avons préféré marcher car nous ne sommes pas des feignasses !!! 😂
A l'issue de cette ascension, on se retrouve devant un monument de 45 mètres de haut, soit 2 de plus que le Trésor !
En plus de la vue sur le Monastère, lorsqu'on est au sommet on a aussi vue sur tout le Wadi Araba et ses montagnes.
A 8 km au Nord de Petra se trouve le site de Little Petra que nous avons visité avant le site majeur. C'est un très bel avant-goût de la visite du site archéologique et nous vous conseillons de construire votre itinéraire dans le même sens que nous afin de ne pas être déçus car bien évidemment, comme son nom l'indique Little Petra est bien plus petite que sa voisine !
Cette cité était un département de Petra et sa création remonte au 1er siècle avant JC, lorsque Petra était déjà une agglomération puissante et prospère. Sur place, deux monuments se dressent de part et d'autre des habitations troglodytes abandonnées : un tombeau-temple et quatre tricliniums qui faisaient office de salle à manger.
La visite est entièrement gratuite et prend environ 1 heure en prenant tout son temps. Certaines grottes à flanc de falaise abritent encore des bédouins. La Painted House contient un plafond dont les peintures sont encore très nettes.
Mais ce que nous apprécions particulièrement sur le site c'est la balade qui mène au View Point, tout au bout du site. Au sommet, un bédouin vous accueille sur son tapis et vous offre un thé parfumé aux herbes aromatiques fraîchement cueillies : un régal !
Pour y parvenir il faut compter une trentaine de minutes de belle ascension assez sportive, mais le panorama à l'arrivée vaut vraiment le coup !!! Au mois de mars, le sol est tapissé de plantes dont les feuilles ondulent sous l'effet du vent : j'adore le contraste du vert sur la roche rose-orangée 💕
RESERVE DE DANA
De Petra nous empruntons un morceau de la Highway 35, la célèbre "Route des rois" qui épouse sur plus de 400km le tracé d'une ancienne piste caravanière.
Les paysages sont vraiment très arides et monotones par ici. Ce qui n'arrange rien, c'est que le temps est très maussade lorsque nous passons : et moi en véritable fille du Sud, il me faut le soleil sinon je fais la tête !!! 😂
Nous coupons donc notre route par la visite de Shawbak, un château féodal érigé en 1115 au sommet d'un piton rocheux par un chevalier croisé d'Europe. Autour, seulement des montagnes et des collines désertiques.
Lors de notre visite (prix d'entrée 3JOD ou Jordan Pass), nous découvrons les vestiges d'une petite chapelle, de salles de torture, de canalisations, de bains et d'un puits profond de 67 mètres qui servait à alimenter en eau la forteresse. Nous ne trouvons pas la visite transcendante, on aurait pu aisément s'en passer mais en une heure, le temps s'est nettement amélioré, ce qui nous permet de réaliser une superbe randonnée sous le soleil en suivant le cours du Wadi Al Ghuwayr, un incontournable à Dana.
La route qui y conduit parait mener au bout du monde, et sans rire, nous sommes les seuls à l'emprunter... à part quelques dromadaires et des chèvres 😂
Sur le dernier tronçon, elle reste très praticable malgré une pente à plus de 50 degrés, bien en dehors de nos normes européennes.
Les différents guides locaux considèrent cette marche comme difficile mais après réflexion je dirais facile à modérée si on tient compte des quelques passages techniques à franchir qui sont malgré tout très bien aménagés.
Vous avez deux façons de faire la marche : parcourir les 16km d'un bout à l'autre, souvent avec un guide et en vous trouvant également un chauffeur qui vous dépose au départ de la marche et vient vous chercher à la fin. Ci-dessous une carte trouvée sur Internet :
Ou y aller par vos propres moyens, sans guide. C'est ce que nous décidons de faire, bien évidement après avoir consulté la météo car le canyon étant très encaissé, une pluie soudaine peut s'avérer très dangereuse...
Nous laissons donc notre véhicule à l'entrée du Wadi, et marchons environ 1h30 sur les premiers kilomètres qui sont considérés comme les plus beaux.
On s'aperçoit très vite qu'il n'a pas plu depuis un petit moment car le wadi est quasiment à sec... Nous n'avons donc qu'à l'enjamber de temps à autre et profiter de la beauté des lieux.
Nous sommes contraints de faire demi-tour lorsque l’obstacle à franchir nous semble impossible à faire en sens inverse : il nous aurait fallu des cordes pour poursuivre notre randonnée. C'est en ce sens que partir accompagné d'un guide peut s'avérer utile...
Malgré tout, nous sommes de retour à la voiture après plus de 3h30 de marche.
Ce soir-là nous dormons au village de Dana, un hameau rural situé à plus de 1200 mètres d'altitude et qui domine la vallée du même nom. Nous choisissons le Dana Tower Hotel (50€ la nuit en formule demie pension) et passons une agréable soirée dans un cadre rustique et authentique.
LA MER MORTE
Pour rejoindre la Mer Morte depuis Dana, il faut compter 2 petites heures de route. Nous empruntons encore une fois la "Route des rois" jusqu'à Al Karak et passons devant son château du 12ème siècle mais sans le visiter.
Cette portion de route est vraiment désertique mais magnifique à mon goût. De temps à autre on peut apercevoir un lopin de terre cultivée : on se demande d'où peut provenir l'eau ! Et on s'arrête même sur le bord de la chaussée pour acheter des fèves à un petit cultivateur...
Certaines strates géologiques paraissent provenir d'une poussée volcanique... C'est dans ces moments-là que je regrette de ne pas avoir d'assez bonnes connaissances en géologie pour pouvoir expliquer ce phénomène si fascinant.
Al Karak se situe à presque 1000 mètres d'altitude. A partir de là, la route ne fait que descendre dans une vallée encaissée et verdoyante jusqu'à atteindre la Mer Morte...
C'est un panneau routier qui nous indique que nous sommes à l'altitude zéro alors que la Mer Morte apparaît encore très en dessous de nous...
En réalité, la Mer Morte n'en est pas véritablement une ; c'est plutôt un grand lac salé de 67 kilomètres de long sur 17 de large, à cheval entre la Jordanie et Israël. Son altitude est à 423 mètres en-dessous du niveau de la mer, ce qui fait qu'elle bénéficie d'un véritable micro-climat et même en plein hiver il est possible de s'y baigner.
Son nom provient du fait que l'on n'y trouve aucun poisson ou algue car la teneur en sel est bien trop élevée. Toutefois on sait aujourd'hui que des organismes microscopiques (planctons et bactéries) y vivent.
En quelques chiffres, sachez que la salinité moyenne de l'eau de mer tourne normalement autour de 2 à 4% ; or celle de la Mer Morte dépasse les 31% en 2022 ! C'est pour cette raison qu'il est très facile de flotter dans cette eau. L'expérience est vraiment très amusante et nous en avons profité à plusieurs reprises :
La Mer Morte est menacée d'assèchement car sa seule source d'eau est le Jourdain qui est très exploité par l’agriculture et l’industrie. Elle disparaît donc peu à peu et cet assèchement s'accélère depuis quelques dizaines d'années. En 50 ans elle a déjà perdu un tiers de sa surface, ce qui correspond à plus d’un mètre par an ces dernières années ! Ci-dessous une représentation de cet assèchement exposée au petit musée situé à côté du Dead Sea Panoramic Complex :
D'ailleurs, c'est depuis ce complexe que l'on peut bénéficier d'une magnifique vue à 180° sur la Mer Morte puisqu'il est situé sur les hauteurs, sur la route qui relie à MadabaNous logeons 1 nuit au Ramada Resort, qui se situe en bordure de la Mer Morte pour un prix relativement doux pour le lieu (75€ la nuit avec petit-déj) lorsqu'on pense que la majorité des hôtels pratiquent des prix bien supérieurs à 500€ la nuit !
Chaque hôtel dispose d'un accès à la mer aménagé, permettant à la fois de se baigner (il paraît que les sels minéraux présents dans cette eau particulière sont une excellente source de bienfaits pour la peau et l'organisme) mais aussi pour s'enduire de boue, ce qui est sans conteste une expérience à vivre, même si je ne suis pas certaine que Fred ait apprécié autant que ça ! 😂😂😂
Si vous ne logez pas sur la Mer Morte mais désirez tout de même vous baigner, sachez qu'il n'y a que très peu d'accès libres car les bordures sont soit privatisées soit vraiment trop pentues. Néanmoins, quelques indépendants possèdent de petites cabanes où ils proposent des boissons et des douches pour quelques dinars jordaniens.
A ce propos, surtout ne faites pas l'impasse sur la douche après la baignade car le sel est très corrosif pour la peau et gratte énormément !En dehors de la baignade et des bains de boue, nous profitons de notre séjour pour longer la côte en voiture, les paysages sont vraiment magnifiques. Nous nous arrêtons dès que le littoral le permet et marchons pour admirer les concrétions de sel et ses couleurs si particulières. Les plus belles que nous avons pu admirées sont sur la plage publique située au Sud du Wadi Musjid. Bon, je vous préviens tout de suite, j'ai pas réussi à faire un choix restreint dans les photos 😅
AMMAN
Depuis l'extrême Nord de la Mer Morte, nous mettons un peu plus d'une heure pour rejoindre Amman. Capitale de la Jordanie depuis 1921, elle accueille 6 des 11 millions de jordaniens (chiffres de 2022).
Nous logeons 2 nuits au Layaali Amman Hotel (56€ la nuit) qui est situé face au théâtre romain, dans le vieux Amman. Du roof top nous avons également une très belle vue sur la citadelle.
Le théâtre antique de Amman est à observer d'en haut. Prix d'entrée 2JOD ou Jordan Pass. C'est le plus grand amphithéâtre de Jordanie : il pouvait accueillir jusqu'à 6000 spectateurs ! Il aurait été construit en 130 avant JC pour célébrer la venue de l'empereur Hadrian pour l'inauguration de la route reliant la mer rouge à Jerash et Amman. La ville met un point d'honneur à la mise en valeur de ce monument et la nuit il est tout illuminé.
L'accès au complexe se fait par l'ancien forum. Cette immense place dégagée, aujourd'hui bordée d'arbres, était l'une des plus grandes de l'empire romain. Elle mesure 100 mètres sur 50 mètres. A l'époque elle était bordée de colonnades où se tenaient les marchands et dont aujourd'hui ne subsiste qu'une seule rangée devant le théâtre principal.
La Citadelle Jabal al Qal'a (ou Temple d'Hercule) offre de magnifiques points de vue à 360° sur la ville basse. Le tarif d'entrée est de 3JOD (ou Jordan Pass).
Le site n'est pas très étendu et l'ensemble des ruines est assez bien conservé. Quelques colonnes du temple d'Hercule sont encore debout et on peut en observer d'autres au sol.
On peut aussi y voir les 3 doigts énormes d'Hercule, issus d'une ancienne statue en hommage au fils de Zeus, ce qui laisse à penser que cette statue devait être gigantesque !
Le palais Omeyyade date du 8ème siècle. Une allée pavée y mène, bordée par les restes d'anciens bâtiments qui étaient des commerces à l'époque
Le hall d'entrée est splendide : c'est un bâtiment à part, détaché du palais
Nous avons beaucoup aimé nous balader dans les rues du vieux Amman. Le matin, le souk aux fruits et légumes est très populaire et en fin d'après-midi les petits commerces sont tous ouverts et nos papilles se délectent des bonnes odeurs qui flottent dans les airs
Le quartier de Rainbow Street regroupe tous les restos et bars branchés où les jeunes aiment se retrouver chaque soir. Par contre, en journée c'est désert mais toujours très coloré...JERASH
Au Nord d'Amman se trouve la ville de Jerash ("La rivière dorée" en arabe) qui abrite la cité antique de Gerasa, très certainement le site antique romain le plus impressionnant de Jordanie et le mieux préservé au monde. En fait, pour être précise, la nouvelle ville de Jerash encercle la cité antique de Gerasa... Cette dernière aurait été fondée à la fin du 4ème siècle avant JC par Alexandre le Grand. Tarif 10JOD (ou Jordan Pass).
Au début du printemps le sol est recouvert de millions de fleurs jaunes, ce qui confère aux lieux une beauté bucolique très particulière...
Visiter Jerash a été pour moi l'occasion de mettre à profit les connaissances acquises lors de ma formation de décoratrice d'intérieur, dans la partie "Histoires et styles de décoration". Ainsi, avant de commencer je vous fais un petit brief sur les différents ordres architecturaux, ce qui sera utile pour la compréhension des monuments.
Les grecs ont inventé 3 ordres architecturaux qui ont été repris tout au long de l'histoire architecturale : dorique, ionique et corynthien. Ces ordres caractérisent les colonnes, leur forme et leur ornementation.
* L'ordre dorique est le plus dépouillé. La colonne est dépourvue de base, le fût est cannelé et le chapiteau dépourvu de décor * L'ordre ionique dégage une impression de légèreté. La colonne est posée sur une base moulurée, le chapiteau est décoré de volutes, la frise est sculptée et raconte une histoire.
* L'ordre corynthien est le plus orné et le plus récent ; il se caractérise par son chapiteau décoré de feuilles d'acanthe.
Les romains se sont inspirés des techniques développées en Grèce en créant toutefois leurs propres codes esthétiques et en mêlant plusieurs ordres dans un même édifice.
Nous pénétrons dans Gerasa en passant sous l'Arc d'Hadrien, un arc de triomphe aux formes classiques (3 arcades flanquées de 2 pavillons à niches) et encore debout après plus de 2000 ans d'histoire !
La Place Ovale ou Forum date du 1er siècle. Elle possède encore un sol pavé et ses dimensions sont impressionnantes : 90 mètres sur 80.
Les colonnes qui entourent la place sont très particulières puisqu'elles comportent à la fois des chapiteaux ioniques et corinthiens.
Le Cardo Maximus, ou Allée des Colonnes, est le prolongement de la Place Ovale. Il est long de 800 mètres et bordé de 200 colonnes corinthiennes et ioniques. Nous sommes impressionnés par la qualité du pavement disposé en bandes obliques régulières
Le Temple d'Artémis est situé directement sur le Cardo Maximus ; il a été construit en 150 par les romains en hommage à la déesse de la chasse et de la fertilité. A l'époque il représentait le centre de la vie sociale et spirituelle de la ville et de nombreux sacrifices y étaient réalisés.
Avant d'y parvenir on passe devant une nymphée monumentale, fontaine achevée en 198 et richement décorée, même si maintenant ne subsistent plus ni stuc ni marbre
Lorsqu'on arrive au pied du temple, on peut se rendre compte combien il est magnifiquement conservé puisque sur 12 colonnes corynthiennes, 11 sont encore debout !
L'hippodrome est impressionnant par ses dimensions : 245 mètres de long sur 51 mètres de large. Il pouvait contenir 15000 spectateurs. En partie restauré, l'hippodrome a repris ses fonctions premières en accueillant de nouveau des spectacles de courses de chars et des combats de gladiateurs durant les mois de juillet et août
Le théâtre Sud a été magnifiquement restauré. Il peut accueillir 5000 personnes et est utilisé comme scène lors du festival de Jerash chaque été.
Tout à côté se trouve le temple de Zeus dont l'entrée monumentale est composée d'un propylée de 4x4 colonnes corinthiennes.
Vue sur la ville de Jerash depuis les collines de la cité antique
Depuis Amman, il faut compter 4h30 pour rejoindre le désert de Wadi Rum. La Desert Highway est la route la plus directe pour y aller ((350 kilomètres). Prévoyez de quoi manger car vous ne croisez qu'un ou deux villages sur le chemin et très peu de restaurants... Pour notre part, nous avons prévu des petites choses à picorer et avons trouvé un vendeur de smoothies dans un village au milieu de nulle part...
Lorsque vous rencontrez ce genre de panneaux, vous savez que vous approchez du but...
Wadi Rum est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2011, à la fois en tant que paysage naturel et lieu culturel grâce aux plus de vingt-cinq mille pétroglyphes (gravures sur roche) et vingt-mille inscriptions qui permettent de retracer l'histoire des débuts de l'écriture mais aussi de connaître les techniques agricoles utilisées depuis 12000 ans par les populations nomades et semi-nomades qui vivaient là.
Plusieurs films ont été tournés dans ces lieux : Lawrence d'Arabie, Seul sur Mars ou encore Star Wars épisode IX "L'ascension de Skywalker". On le comprend aisément car les paysages sont d'une beauté époustouflante et nous avons pris des centaines de photos !
Nous avons réservé notre hébergement à l'avance sur Booking : 2 nuits en demi-pension dans le Desert Guide Camp à 36€ pour deux, un prix vraiment imbattable ! Notre hôte Hussein est venu nous chercher dans le dernier village accessible en véhicule de tourisme, 5 kilomètres après le Visitor Center où vous devez vous acquitter des droits d'entrée de 5 JOD par personne (ou compris dans le Jordan Pass).
C'est véritablement à ce moment-là que l'aventure commence !
Le désert contient une cinquantaine de camps disséminés sur les 720 km² de cette zone protégée. Ils sont tous tenus par des familles de bédouins, ce qui en fait une expérience unique à vivre.
Nous dormons pendant 2 jours dans une tente au confort sommaire mais nettement suffisant et apprécions de pouvoir nous lever le matin avec une magnifique vue sur des formations rocheuses hors du commun...
Notre camp possède une quinzaine de tente-chambres ainsi qu'une salle et des sanitaires communs. Nous avons le plaisir de vivre de très beaux moments de partage et d'amitié avec des personnes d'une gentillesse incomparable...
Le désert de Wadi Rum n'est pas un désert comme les autres car il n'est pas entièrement constitué de sable ; il est avant tout connu pour ses hautes montagnes, ses formations rocheuses aux formes originales et ses falaises de grès rouge
Um Frouth Rock Arch et Little Arch sont les plus connues...
Bien-sûr il possède également de très belles dunes de sable rouge que nous prenons plaisir à descendre en courant...
Au printemps on a la chance d'assister à la floraison du désert et ça c'est vraiment extraordinaire : grâce aux pluies hivernales, des milliers de petites fleurs ornent ces paysages désertiques
Vous l'aurez compris, il n'est pas envisageable de venir en Jordanie sans passer une ou deux nuits dans le Wadi Rum. Vous aurez alors l'occasion de fouler le désert de long en large et d'attendre le coucher de soleil avec des étoiles plein les yeux...
Voilà, notre récit sur notre séjour en Jordanie s'achève et je me rends compte que je n'ai absolument pas parlé des spécialités culinaires, et pourtant il y a beaucoup de choses à en dire ! La cuisine jordanienne est très savoureuse et on sent vite l'influence du Liban et de la Turquie dans ses mets.
Entre le houmous (purée de pois-chiches et tahini), les falafels (boulettes de pois-chiches frites), le baba ganoush (caviar d'aubergines) et le fuul (purée de fèves à l'ail et au citron) qui forment les mezzes (ou entrées), on se régale également de manousheh (pizza libanaise), et de shawerma (kebab traditionnel turc) lors de nos pique-nique et déjeuners. L'aliment de base est le pain arabe appelé khobz, qui se mange avec à peu près tout, même le riz ! 😂
Il y a beaucoup de ragouts à base de mouton comme le Mansaf (le plat national) ou d'agneau comme le Kofta (boulettes de viande en sauce tomate) et le Maglouba (aussi appelé "Upside Down, est un ragoût que l'on renverse au moment de servir pour que le riz recouvre la viande).
Vous voulez connaître mon pêcher mignon du séjour ? Chaque matin au petit déjeuner, je me régale de zaatar (mélange d'huile d'olive, de sel et d'origan) sur du khobz tout juste sorti du four...
Alors convaincus ? Vous partez quand en Jordanie ?
Si vous hésitez encore, regardez cette vidéo :
